Léon VILLEVIEILLE (1826, Paris – 1863, Paris)
Patio en Algérie
Mine de plomb
19 x 28 cm
Monogrammé en bas à gauche
Circa 1860/63
Léon Villevieille se forma auprès du peintre de paysage Louis Marvy (1815-1850) et se dirigea vers le même genre que son maître, exposant 9 tableaux au Salon de Paris entre 1850 et 1859.
En 1860, il part vers le sud de la France puis l’Algérie pour tenter de soigner une maladie pulmonaire ancienne, mais meurt à son retour à Paris en 1863, alors qu’on voyait en lui un futur grand maître dans la lignée de Corot.
L’homme de lettres Charles Yriarte écrit dans le catalogue de la vente après décès (7/8 décembre 1863, Drouot), que « les dessins sont presque d’un maître: 87 oeuvres (aquarelles, fusains, mines de plomb, sépias et croquis rehaussés). Un collectionneur d’oeuvres modernes doit avoir un Villevieille dans sa galerie, c’est une note spéciale » .
A propos de sa personnalité, Théodore Pelloquet, le critique d’art de la Gazette de Paris, dit: « Charmant artiste d’une dignité absolue, galant homme, honnête homme avec de l’esprit, très ingénieux, très fin et très cultivé, avec un très grand courage » .
Ce portrait élogieux séduisit George Sand, qui intégra le jeune Villevieille (surnommé Palognon), ami de son fils Maurice, dans son cercle d’hôtes à Nohant vers 1850, où il joua fréquemment dans les pièces de théâtre montées par l’écrivain.
A titre artistique, George Sand, elle même très adepte de la poésie et la finesse de Corot, ne pouvait qu’apprécier le style et les thématiques de Villevieille. Lui-même se savait « classé par les marchands de tableaux dans les soleils couchants, les rêveries, les bords de rivière à l’usage des coeurs brisés » . Charles Yriarte disait « toutes ses toiles empreintes d’une poésie qui est le reflet de son éternelle tristesse » . Qualités confirmées par Marius Chaumelin dans un article de la Tribune Artistique et Littéraire du Midi consacré au Salon de Marseille de 1859: « il donne à sa peinture une exquise distinction sans rien perdre de la réalité, une intimité, un recueillement et une mélancolie qui font rêver » … « Le sentiment très juste et très fin de la nature, la douceur de son coloris, la délicatesse de son pinceau »… « les oeuvres qu’il a exposées au dernier Salon de Paris ont été signalées, de la façon la plus élogieuse, par les maîtres de la critique » . Villevieille réalisa plusieurs vues de Nohant et de ses environs.
Napoléon III lui-même fit l’acquisition de deux paysages de Villevieille en 1860 et 1861.
Notre beau dessin, réalisé pendant sa courte période orientaliste, illustre bien le dessinateur élégant qu’était Villevieille, sa capacité à rendre les effets de lumière, et une forme de poésie telle qu’elle pouvait exister dans ses paysages « français » .
Le charme est également présent avec les deux jeunes enfants observant la tortue, petite, mais qui occupe le centre de la composition. Villevieille s’était peut-être inspiré, pour ce sujet, des tableaux de Decamps du Salon de 1855, Enfants à la tortue et Enfants turcs jouant avec des tortues.