Auguste RAFFET (1804, Paris – 1860, Gênes)
Le casino de Baden-Baden en 1837
Mine de plomb
13,5 x 19,5 cm
Situé en bas à gauche
21 juin 1837
Fils de hussard et petit-fils d’un capitaine de la Garde Nationale de la Révolution, Auguste Raffet, après une expérience de décorateur sur porcelaine chez Cabanel, intégra l’atelier de Charlet en 1824 (il fut reçu à l’Ecole des Beaux-Arts six mois après) puis celui du Baron Gros en 1829. Son échec au Prix de Rome de peinture en 1831 (il termina 3ème) le conforta à être principalement un dessinateur, lithographe (il créa environ 1 800 estampes) et illustrateur. Spécialisé dans les sujets militaires, il devint l’un des plus remarquables artistes à oeuvrer pour la légende napoléonienne.
Voici ce qu’en disait le célèbre collectionneur Henri Béraldi: « Dessinateur de génie, observateur doublé d’un poète, esprit libre et main précise, ayant le don de composer grand, même dans le plus petit espace » .
On divise généralement sa carrière en trois périodes.
Jusqu’en 1831, il imite surtout ses « maîtres » Horace Vernet, Hippolyte Bellangé et Charlet.
Jusqu’en 1837, il développe son propre style et atteint son apogée, en créant ses compositions uniquement sur la base de son imaginaire mais extrêmement vivantes et réalistes; ainsi, de 1830 à 1837, en plus de nombreuses autres commandes, Raffet produisit annuellement un album de douze lithographies pour l’éditeur Gihaut Frères, 5 boulevard des Italiens à Paris.
Ensuite c’est d’après nature et en observant sur le terrain qu’il dessine, à l’occasion d’incessants voyages avec un industriel russe fortuné et éclairé, le Prince Demidoff (1812-1870), en Europe de l’Est, Russie, Algérie, Espagne (1847), Ecosse (1854) et en Italie.
C’est en 1837, à l’occasion de son premier voyage avec Demidoff, avec pour destination finale la Russie, que Raffet découvre la ville thermale de Baden-Baden. Ayant quitté Paris le 14 juin, il passe par Meaux, Châlons sur Marne, Vitry le François, Saint-Dizier, Epinal, Saint-Dié; il arrive à Strasbourg le 20 juin au soir, et le lendemain à Baden-Baden, où il ne séjourne qu’une journée, puisqu’au matin du 22 il part pour Rastadt, traverse Karlsruhe, Stuttgart, Ulm, Augsbourg, Münich, avant d’arriver le 27 juin à Vienne, où il passera trois jours.
Raffet représente ici le Kurhaus de Baden-Baden, le bâtiment néo-classique avec ses huit colonnes corinthiennes en façade crée en 1824 par l’architecte de Karlsruhe Friedrich Weinbrenner (1766-1826), qui abrite le casino. Déjà très fréquenté depuis sa création, celui-ci connut un énorme succès à partir de 1838, lorsque, suite à l’interdiction des jeux en France par Louis-Philippe, Jacques Bénézet en obtint la concession de la ville de Karlsruhe.