Philippe BENOIST (Genève, 1813 – Vincennes, 1896)
Adolphe BAYOT (Alessandria, 1810 – Paris, 1871)
Paris, église de la Madeleine
Huile sur cuivre
23 x 37 cm
Vers 1860
Oeuvre en rapport : planche 43 de l’album Paris dans sa Splendeur, publié en 1861 chez Charpentier
Provenance : chez Frost and Reed Ltd, Londres, en 1976
Rare et raffinée peinture sur cuivre de Philippe Benoist (et d’Adolphe Bayot pour les personnages), élève de Daguerre et peintre habile en perspective, bien connu pour ses nombreux dessins et lithographies topographiques destinés à illustrer des albums de voyages glorifiant les sites pittoresques de la France, très à la mode au cours du second tiers du XIXème siècle. Inaugurés avec les Voyages pittoresques et romantiques de l’ancienne France du baron Taylor dès 1825, ces albums se poursuivent avec par exemples La Normandie illustrée en 1852, La France en miniature en 1860, La France de nos jours en 1860/65, ou encore Paris dans sa splendeur en 1861, où figure notre vue.
Egalement décorateur de théâtre, Benoist conserva le goût pour les procédés d’optique appliqués aux beaux-arts permettant d’obtenir des effets de panorama, et il déposa en ce sens plusieurs inventions.
Au Salon, il expose dès 1836 des lithographies et des aquarelles (et peut-être des peintures), dont les titres indiquent qu’il est un artiste voyageur : Fontainebleau, Paris, Normandie, Picardie, Lyon, Nice et Dauphiné, Italie (vers 1845), et probablement Russie vers 1864.
Installé à Fontainebleau dans les années 1830, cet homme très discret y rencontre certainement Eugène Cicéri, les deux amis collaborant à différents albums, affiches, l’exposition universelle de 1867, des vues de gares et sites industriels…
Dans ce véritable « business » de la vue topographique, il partage aussi son travail avec des confrères comme Arnout, Jacottet ou Félix Benoist (son célèbre homonyme, sans lien de parenté), pour le compte des mêmes éditeurs (Goupil, Charpentier, Lemercier), qui leur assignent des tâches selon leur compétences. Il existe ainsi des « faiseurs de bonshommes », spécialisés dans les figures pour animer les scènes, tels Gaildreau, Adam, et surtout Adolphe Bayot, par ailleurs spécialisé dans les sujets militaires, dont il expose des aquarelles au Salon.
Même s’il n’y intervient parfois « seulement » qu’en tant que lithographe, comme pour des dessins de son homonyme Félix, c’est Philippe Benoist qui dessine et lithographie la majorités des vues de Paris dans sa splendeur ; c’est le cas pour l’Arc de Triomphe, dont les figures sont exécutées par Bayot.
Notre peinture est identique à la planche lithographiée N°43 de l’album, mais présente quelques groupes de personnages rajoutés, sans doute pour donner encore plus d’animation à l’ensemble. On peut supposer qu’elle a été réalisée (ou offerte en cadeau) pour un commanditaire qui souhaitait avoir une version unique et plus « spectaculaire » qu’une simple estampe, sachant que l’on connaît aussi des versions peintes de l’Arc de Triomphe de l’Etoile (également proposée par notre galerie), de la gare de l’Est et du Palais de l’Industrie.
Au moment de l’inauguration du chantier en 1763, l’église de la Madeleine devait être le pendant, rive droite, de l’église Sainte-Geneviève (l’actuel Panthéon) : une immense église de style antique, surmontée d’un dôme. Stoppé à la Révolution, le chantier est repris en 1805 par Napoléon Ier, qui souhaite en faire un temple à la gloire des armées françaises, le projet étant confié à l’architecte Pierre-Alexandre Vignon.
Après plusieurs affectations envisagées pour l’édifice (monument expiatoire pour Louis XVI et Marie-Antoinette, gare ferroviaire…), c’est Louis-Philippe qui lui donne finalement sa vocation d’église, consacrée à sainte Marie-Madeleine. Achevée en 1842, elle est inaugurée par le roi le 24 juillet de cette même année.