Louis-François CASSAS (Azay-le-Ferron, 1756 – Versailles, 1827), entourage de
Paysage méditerranéen aux falaises abruptes et aux personnages orientaux
Aquarelle gouachée sur traits de plume et de pierre noire
91 x 59 cm
Vers 1785
Oeuvre en rapport : aquarelle conservée à l’Albertina Museum de Vienne, Inv 15553, de composition similaire
Louis-François Cassas est l’un des plus grands artistes voyageurs du XVIIIème siècle.
Fils d’architecte et lui-même ingénieur des Ponts et Chaussées, il développe ses talents de dessinateur auprès de maîtres et mentors comme Desfriches, Jean-Jacques Lagrenée, Vien ou encore Jean-Baptiste Le Prince qui lui inculque le goût de l’Orient. Son premier mécène le duc de Chabot lui permet de séjourner en Italie de 1778 à 1783.
Basé à Rome, Cassas remonte jusqu’à Venise au printemps 1782 et parcourt pendant l’été la côte orientale de l’Adriatique, en Istrie et en Dalmatie. Il se rend ensuite en Sicile pour y retrouver Vivant-Denon et l’abbé de Saint-Non, et y reste jusqu’au printemps 1783.
De retour à Paris en juin 1783, il y rencontre un nouveau protecteur, le comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur de France à Constantinople, qui lui demande de le rejoindre pour une mission culturelle et scientifique. Ce voyage au Levant débute en août 1784 ; après une première halte à Athènes, son périple mènera Cassas dans toutes les provinces de l’Empire Ottoman, dont Chypre, la Syrie, le Liban, la Palestine et l’Egypte…
C’est encore Choiseul-Gouffier qui finance un second séjour en Italie, entre 1787 et le début de 1791. Mariée à une italienne, Cassas décide alors de revenir définitivement s’installer à Paris pour y exploiter les dessins qu’il avait réalisés durant ses voyages, répertoriant sans cesse les sites classiques et les monuments antiques. Il travaille ainsi à la publication d’albums, expose sous l’Empire des aquarelles au Salon, et développe en parallèle une prospère activité de gravures aquarellées.
Notre grande composition, d’une intéressante verticalité, est connue par une autre version conservée à l’Albertina Museum de Vienne, d’un format plus modeste (66 x 47 cm), et qui présente plusieurs variantes : la partie gauche du premier plan est occupée par des troncs d’arbres (absents de la version de l’Albertina) qui viennent encadrer l’espace ; la version autrichienne accueille plusieurs figures sur la rive opposée du point d’eau ; Cassas introduit dans notre version une gigantesque falaise blanche à l’arrière-plan, qui vient occuper l’espace du côté droit.
Bien que probablement imaginaire, comme souvent chez Cassas, la composition pourrait évoquer plusieurs lieux méditerranéens : la Dalmatie (plusieurs compositions « dalmates » de Cassas présentent une verticalité similaire et d’impressionnantes falaises blanches), ou encore le Liban avec les vallées escarpées de la Qadisha et de la Kozhaya et ses monastères maronites.
L’Albertina date la composition autour de 1782, excluant de fait un sujet Levantin, mais nous élargirions volontiers le créneau jusqu’en 1785.