Louis-Auguste LAPITO (1803, Joinville-le-Pont – 1874, Boulogne sur Seine)
Borghetto, vallée de la Borbera (Piémont)
Huile sur toile d’origine (maison Vallé & Bourniche)
41,5 x 55 cm
Signée et datée en bas à gauche
1841
Exposition: Salon de Paris de 1842, sous le numéro 1133, titrée Borghetto (Piémont)
Louis-Auguste Lapito appartient à la seconde génération des paysagistes néo-classiques, influencés et formés par des artistes comme Valenciennes, Jean-Victor Bertin ou Louis-Etienne Watelet, mais qui développeront une sensibilité plus naturaliste, parfois teintée de romantisme et de pittoresque. Cette génération, menée par Corot, regroupe ainsi des peintres comme Caruelle d’Aligny, André Giroux, Guillaume Bodinier, Jules Coignet, Charles-Joseph Rémond, Léon Fleury, Léopold Leprince…, globalement nés entre 1795 et 1805.
Artiste voyageur, Lapito visitera de nombreuses provinces françaises, avec une prédilection pour la forêt de Fontainebleau, le Dauphiné, l’Auvergne, la Normandie, la Corse, et à l’étranger les Pays-Bas, l’Allemagne et surtout la Suisse. Mais, à l’image de ses collègues, il conservera toujours une forte attirance pour l’Italie.
Elève de Watelet à partir de 1820 (après avoir été quelque temps clerc de notaire), puis du peintre d’histoire François-Joseph Heim, Lapito connut le succès durant toute sa carrière, avec plusieurs médailles et des acquisitions de l’Etat (achats de Louis-Philippe pour les châteaux de Saint-Cloud et de Compiègne). Il était à la fois adepte de la peinture de plein-air et des compositions retravaillées en atelier dues à sa formation classique, dans les deux cas avec une touche précise et un sens de la couleur très affirmé. Parmi ses nombreuses fortunes critiques, on peut citer celle du Journal des Artistes en 1838: « … M. Lapito continue de mériter les suffrages… Son dessin est toujours exact; malgré une touche large et facile, ses sites toujours bien choisis, sa couleur généralement vraie quoiqu’un peu dorée. Les productions de Monsieur Lapito se font toujours remarquer par leur ordonnance pittoresque, et la manière spirituelle dont elles sont touchées… » . En 1841, année de réalisation de notre tableau, L’Annuaire biographique des artistes français confirme ses principales qualités : « Des effets brillants et bien sentis, une grande facilité d’exécution, une couleur riche et harmonieuse, des arbres et des terrains grassement peints » .
Dans sa critique du Salon de 1842 (L’Art en province), Anatole Dauvergne se montre assez peu indulgent avec les exposants paysagistes, mais Lapito fait partie des quelques uns qui trouvent grâce à ses yeux, avec notre tableau : « … M. Lapito varie peu, mais ses procédés sont bien à lui, et il a au moins le mérite de rester sans imitateurs. Parmi les paysages exposés par ces laborieux artistes, il en est deux ou trois bien supérieurs. Une Vue de Borghetto et une Vue de Subiaco, d’un grand charme de composition et d’une couleur très éclatante » .
Au-delà de la représentation très précise et nuancée de la végétation et de la minéralité, le rendu atmosphérique du ciel crépusculaire, nuageux, chargé d’humidité et qui enveloppe les sommets, nous plonge ici au coeur d’un paysage presque dramatique.