John O’Brien INMAN (1828, New-York – 1896, Fordham)
L’atelier de l’artiste à Paris
Huile sur panneau
38 x 55 cm
Signée, située et datée en bas à gauche
1872
John O’Brien Inman fait partie de ces artistes américains qui, dans le dernier tiers du XIXème siècle, effectuèrent une bonne partie de leur carrière en Europe.
Il était le fils de Henry Inman (1801-1846), un des plus célèbre portraitistes new-yorkais dans les années 1820/1840. Formé par son père, qui semble avoir été son seul maître, John ajouta au patronyme paternel (probablement pour s’en démarquer) le nom de sa mère, Jane Riker O’Brien (1796-1876). Son statut de « fils de » ne l’empêchera cependant pas de réaliser une carrière couronnée de succès.
Identifié dès 1848 à New-York comme peintre de portraits et de miniatures, la forte concurrence locale l’obligea à aller chercher des clients plus à l’ouest et dans le sud des Etats-Unis: on trouve ainsi sa trace à Athens en Georgie, ou à Savannah, où il n’hésitait pas à faire de la publicité pour se faire connaître. Cette carrière itinérante le mena aussi dans les Adirondacks, au nord-est de New-York, où il peignit quelques paysages. Après une première exposition en 1853 à la National Academy of Design, il se fixe à New-York en 1861: il y expose à la Brooklyn Artists Association, et paraît dès lors se spécialiser dans les natures mortes, avec un certain succès semble-t-il, puisqu’un journal rapporte en novembre 1862 que « ses tableaux de fruits et de fleurs sont vendus avant d’avoir quitté le chevalet « . Il réalise néanmoins toujours quelques portraits ou scènes de genre, presque exclusivement dans des petits formats, et finit par devenir membre de la National Academy of Design en 1865. Son atelier est alors situé 650 Broadway.
En 1866, Inman part pour l’Europe, où il restera 12 années et obtiendra des succès notables. Il y partage son temps entre Londres, et surtout Rome et Paris où il possède deux ateliers.
Notre tableau représente cet atelier parisien en 1872, tout comme une gouache (26×21 cm) conservée au Brooklyn Museum, datée de la même année: dans les deux oeuvres on retrouve plusieurs accessoires, notamment le vase en porcelaine à double panse, un chevalet identique (celui de gauche sur la gouache), le casque romain et la jupette, le petit meuble syrien, la pièce d’étoffe bleue galonnée de blanc; en revanche les peintures accrochées y sont différentes. Le degré de finition et de précision de notre tableau, bien plus élevé que dans la gouache new-yorkaise, ses couleurs vives et éclatantes, ses dimensions respectables, ainsi que son côté très personnel, en font une des oeuvres majeures et des plus désirables au sein du corpus connu de l’artiste. Elle nous renseigne aussi sur le caractère très varié des sujets traités par Inman: des scènes de genre à la Camille Roqueplan, des études de paysage, des vues urbaines, des peintures de genre historique. C’est également un témoignage iconographique précieux de ces ateliers d’artistes à Paris dans les premières années de la IIIème République, ressemblant à de véritables cabinets de curiosité, avant que la photographie ne nous en donne de nombreux exemples une quinzaine d’années plus tard. Le Oxford Dictionary of American Art and Artists nous indique que l’artiste réalise à cette époque des « costumes historiques » très détaillées.
De cet épisode européen, Inman nous laisse aussi quelques paysages, par exemples une vue de Pérouse en 1869, des intérieurs de la basilique Saint François à Assise, une vue du lac de Lucerne en Suisse.
Dès son retour aux Etats-Unis en 1878, Inman réalise sa peinture la plus célèbre, d’un grand format assez exceptionnel (0,75 x 1,25 m) pour lui, une scène de patinage sur glace au clair de Lune à Central Park à New-York.
Il retournera ensuite quelque temps en Angleterre, avant de revenir s’établir sur les bords de l’Hudson River, puis de mourir dans une grande pauvreté dans une sorte d’hospice.
Musées: National Gallery of Art of Washington, Smithsonian Museum of Washington, Metropolitan Museum, Museum of the city of New-York, Princeton University Art Museum, Brooklyn Museum, University of Indiana (Eskenazi Museum of Art)