Jeanne-Elisabeth CHAUDET (1767, Paris – 1832, Paris)
Portrait de femme sous le Directoire
Huile sur toile
60 x 50 cm
Signée en bas à gauche
Vers 1795
Exposition: très probablement Salon de 1796, sous le numéro 96
Née d’un père perruquier, Jeanne-Elisabeth Gabiou appartient au milieu artistique féminin de la fin du XVIIIème siècle, notamment grâce à ses belle-soeurs Marie-Elisabeth et Marie-Victoire Lemoine. Après s’être formée auprès de Madame Vigée-Lebrun, elle devient l’élève du sculpteur néo-classique Jean-Antoine Chaudet, qu’elle épouse en 1793, alors qu’elle a déjà commencé à exposer au Salon de la Correspondance (crée par Pahin de la Blancherie en 1778) en 1785, essentiellement des portraits.
Sa première participation au Salon date de 1796 (an V de la République), avec 4 oeuvres exposées (N°95 à 98), dont très probablement notre portrait, décrit au livret comme Portrait de femme. Ovale (la tenue du modèle correspond effectivement à la période du Directoire, en 1795 ou 1796); elle y enverra régulièrement des oeuvres jusqu’en 1817.
A partir de 1799, le style de ses portraits évolue vers la peinture de genre, représentant par exemple des enfants avec des petits animaux domestiques, dans une ambiance que l’on pourrait qualifier de « néo-classique aimable ou anecdotique », rappelant à la fois Greuze et David, avant de finalement se rapprocher du préromantisme de Géricault. Ces thématiques alors à la mode associées à sa facture lisse et léchée lui valurent un réel succès.
Remariée en 1812 à un haut fonctionnaire d’Arras nommé Husson, Elisabeth Chaudet fréquentait notamment beaucoup les familles Brongniart et Bonaparte (Joséphine, les frères de Napoléon ou encore Murat furent ses clients). Paul Marmottan notait d’ailleurs que « les plus grands personnages de son époque voulaient avoir le portrait de leurs enfants peints par elle » .
Notre tableau est stylistiquement représentatif de son époque. On y décèle clairement une influence d’Elisabeth Vigée-Lebrun, mais associée à la sobriété que le Directoire installe alors dans le monde artistique et à l’austère simplicité des portraits de l’école de David. Le fond est neutre, le costume peu chamarré, mais relevé par une touche de couleur vive, en l’occurrence le bleu du ruban de satin, particulièrement bien réussi.
Il est aussi un rare exemple des productions de la première partie de carrière de Jeanne-Elisabeth Chaudet, à la fin du XVIIIème siècle.