Jean-Baptiste ROBIE (1821, Bruxelles – 1910, Bruxelles)
Fruits, fleurs et pièce d’orfèvrerie sur un entablement
Huile sur panneau
50 x 38 cm
Signée en bas à droite
Peintre de natures mortes le plus renommé de Belgique au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, Jean-Baptiste Robie, aussi appelé Jean Robie, nait au cœur de la forge paternelle située au centre de Bruxelles. Entouré par cinq sœurs et six frères dans ces bâtiments situés en face de l’hôpital Saint-Pierre, il connaît une enfance relativement difficile puisqu’il perd sa mère à l’âge de 11 ans, emportée par le choléra et voit son père se remarier. Dans ce contexte, il choisit de s’évader vers Paris, où il exerce différentes professions manuelles, notamment dans le bâtiment. En 1838, pour des raisons économiques, Robie est contraint de retourner au domicile familial : il s’inscrit alors à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles et choisit pour spécialités le dessin, la perspective et la figure antique. C’est auprès de Balthazar-François Tasson-Snel (1811-1890), peintre et décorateur spécialisé dans les scènes religieuses, historiques et mythologiques, qu’il y découvre les bases de la peinture classique. Notre jeune artiste s’attache dans un premier temps à des peintures décoratives murales, qui lui permettent de subvenir à ses besoins. Par la suite, sur les conseils de son ami le paysagiste Théodore Fourmois (1814-1871), il choisit d’abandonner la peinture murale, au profit de la création sur toile ou panneau.
Après quelques tâtonnements dans la peinture de paysage, Robie finit par se spécialiser dans les sujets floraux et les natures mortes. Très vite, son œuvre connait un grand succès : il obtient en 1848 sa première médaille d’or au Salon de Bruxelles (où il exposait depuis 1843), et sera nommé en 1868 Chevalier de l’Ordre de Léopold I, puis Officier en 1869, et enfin commandeur de l’Ordre de Léopold II, en 1881. Il gagne la plus haute distinction, lors de son exposition donnée à l’occasion de l’inauguration du nouveau Palais des Beaux-Arts. En 1879, l’artiste remporte le premier prix de l’exposition internationale de Sidney pour la Belgique. Il devient également membre de la Commission Directrice des Musées Royaux de Peinture et de Sculpture de l’État, et membre de l’Académie des Sciences, des Lettres, et des Beaux-Arts de Belgique, en 1891.
En France, Robie exposa au Salon de Paris à 18 reprises, entre 1850 et 1889.
Signalons que Robie fut aussi un grand voyageur, motivé par les découvertes d’horizons nouveaux comme l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, ou surtout l’Egypte, la Palestine ou les Indes au début des années 1880, expériences qui lui inspirèrent de beaux récits aux qualités à la fois ethnographiques et littéraires, ainsi que des peintures, comme des scènes de chasse à l’éléphant.
Ses oeuvres, hautement recherchées à l’époque, se trouvent dans les plus grands musées à travers le monde: Victoria and Albert Museum, Musées royaux de Belgique, musée de Lille, musée de Hambourg, musées de Boston, Saint-Louis ou Minneapolis aux Etats-Unis, à Sydney …
Notre panneau est l’image parfaite de l’œuvre de cet artiste, même s’il représenta davantage les fleurs que les fruits. La facture virtuose est d’une grande délicatesse et d’un remarquable réalisme, à la limite de l’illusionnisme, au service d’une élégante composition parfaitement équilibrée, sur un fond neutre. Disposés sur un entablement de bois sculpté néo-renaissance, les fruits aux teintes plus vives et fraîches les unes que les autres, couronnent une coupe en argent et vermeil ciselé. Ici, Jean-Baptiste Robie s’attache à restituer le décor historié de ce modèle de coupe profane inspiré des calices du XVIe siècle, dont les reliefs sont frappés par la lumière. On utilisait communément ces objets comme des coupes à boire, comme le suggère facilement la grappe de raisin en découlant. Ce type de composition n’est pas sans rappeler les natures mortes hollandaises du XVIIe siècle où les objets précieux sont mis en valeur par leurs brillances. A cette époque chaque objet présenté avait une signification et donnait donc à un tableau, un véritable message. Au XIXe siècle, ne prime que l’aspect esthétique de ces pièces d’orfèvrerie, et la manière de les disposer dans une composition théâtrale.