Jacques-Augustin-Catherine PAJOU (1766, Paris – 1828, Paris), attribué à
Officier supérieur des Grenadiers à cheval du Roi
Pierre noire avec rehauts de blanc
34 x 27 cm
1814/15
La Maison militaire du Roi est rétablie par Louis XVIII à la première Restauration; à la seconde, ses effectifs sont notablement réduits.
Plus précisément, les Gardes du Corps du Roi, supprimés en 1791, sont rétablis par l’ordonnance du 25 mai 1814. En juillet 1814, Louis XVIII reforme deux compagnies (en l’occurrence des escadrons) de Grenadiers à cheval, qui seront logiquement supprimées lors des Cent-Jours, et ne seront pas reconstituées.
L’uniforme des Grenadiers à cheval se composait d’un habit en drap bleu roi, avec le collet, les revers et les retroussis en drap rouge écarlate, largement galonné d’argent. Epaulettes en fils d’argent. Culotte blanche.
Notre Lieutenant-Commandant porte plusieurs décorations: Ordre de Saint Louis, Ordre du Lys, Ordre de la Légion d’Honneur.
L’Ordre de Saint-Louis fut créé par Louis XIV pour récompenser les exploits militaires ; supprimé en 1790, il est restauré en 1814, et à nouveau supprimé en 1830. Les soldats de l’Empire ont reçu cette décoration à partir de 1814.
L’Ordre du Lys créé en mai 1814 par Louis XVIII, fut largement distribué aux militaires et fonctionnaires qui « avaient bien fait leur devoir », puis supprimé en 1831. Ruban blanc moiré.
L’Ordre de la Légion d’Honneur, maintenu par ordonnance de juin 1814, était hiérarchiquement porté après les ordres royaux.
Les Officiers supérieurs de cette compagnie sont en nombre limité, et on peut avec une certaine confiance, si on compare avec un autre portrait peint quelques années plus tard, identifier notre homme comme le Baron Jean-Pierre-François-Aman de Costalin (1782, Romans – 1835, Versailles). Costalin participa à presque toutes les campagnes et principales batailles (Austerlitz, Wagram, Eylau…) de la Grande Armée. Il se dévoua ensuite à la Restauration et fut intégré à un escadron de Grenadiers à cheval du Roi le 19 juillet 1814, en tant que Porte-étendard à l’Etat-Major; il est fait chevalier de Saint-Louis le 14 septembre 1814 et officier de la Légion d’honneur (il était chevalier depuis le 14 mars 1806) le 12 novembre 1814, ce qui nous permet de dater l’exécution de notre portrait entre novembre 1814 et mars 1815 (début des Cent-Jours), à l’âge de 32 ans. Costalin quitta le service en 1830, usé par une carrière militaire quasi ininterrompue, et commençant à souffrir d’infirmités (paralyses, cécité…) qui provoquèrent sa mort en 1835.
Sur le portrait peint à l’huile, Costalin porte l’uniforme des Grenadiers à cheval de la Garde Royale; en plus de l’ordre de Saint-Louis et de la Légion d’honneur présents sur notre dessin, il arbore la Décoration de la Fidélité (une variante de l’ordre du Lys qu’il porte sur le dessin) créée en février 1816, ainsi que l’ordre du Saint-Sépulcre (reçu en 1817).
Les portraitistes de l’époque Empire et de la Restauration sont très proches et relativement nombreux, et il est assez difficile, en l’absence de signature ou de documents, de faire des attributions.
Toutefois, la physionomie assez douce du modèle, les paupières quelque peu tombantes et l’écriture des sourcils en particulier, l’utilisation assez subtile des rehauts de blanc sur le vêtement (même si cela n’est pas exclusif à Pajou à cette époque), sont proches du répertoire stylistique et de la facture de Pajou. En 1814, il peignit trois tableaux qui célébraient le retour des Bourbons, soulignant ainsi sa proximité avec la Restauration.
Remerciements à Arnaud de Gouvion-Saint-Cyr, qui a reconnu l’appartenance de cet officier, que nous avions auparavant simplement décrit comme membre des Gardes du corps de la Maison militaire du Roi. Cela faisant de notre oeuvre, au-delà de ses qualités artistiques, un document historique encore plus intéressant et rare, en raison de la courte durée d’existence (environ 8 mois) de ces Grenadiers à cheval « restaurés ».