François GRENIER de SAINT-MARTIN (1793, Paris – 1867, Paris)
Autoportrait de l’artiste
Huile sur toile
62 x 50 cm
Signée et datée en bas à gauche
1823
Exposition: Salon de Paris de 1824, sous le numéro 819, titré Portrait de M. G***
Provenance: sa fille Alix (1832, Paris – 1902, Marseille), puis par héritage
Fils d’un ancien colon de Saint-Domingue, François (ou Francisque-Martin) Grenier de Saint-Martin se forma d’abord auprès de Guérin, qui lui fit faire des progrès si rapides qu’il commença très jeune à exposer au Salon, avec en 1810 une Atala pour laquelle il reçut une médaille ; il est alors élève de Jacques-Louis David.
Après avoir produit des portraits et des batailles en début de carrière, il se spécialisa ensuite dans les scènes de genre pittoresques : représentations de matelots à terre, scènes paysannes et de chasse… ces dernières le rendant très populaire grâce à leur diffusion par la lithographie. Bien qu’admirateur de Napoléon, il obtint les faveurs des Bourbons, et notamment de la duchesse de Berry qui posséda plusieurs de ses oeuvres. Il reçut ensuite des commandes de Louis-Philippe pour la galerie des Batailles de Versailles, fut fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1841, et Napoléon III lui acheta des tableaux de chasse au Salon de 1857.
Ses deux fils Henri et Yves furent également peintres et exposèrent au Salon à partir de 1857.
Son style, parfois proche de celui d’Auguste-Xavier Leprince, est assez facilement reconnaissable. La critique évoquait « un coloris brillant, une touche libre, des fonds légers et frais de ton » , et Charles-Paul Landon écrivait en particulier : « … une naïveté d’expression qu’il sait conserver à ses personnages… exécution aimable, simple et facile … couleur, sinon toujours forte, du moins toujours vraie » . Certains de ses confrères, comme Rémond, firent appel à lui pour réaliser les figures de leurs tableaux.
Ce magnifique autoportrait, conservé dans son cadre d’origine (qui porte au dos le chiffre 329, correspondant à son numéro d’enregistrement au Salon), relève à la fois du portrait néo-classique davidien par son élégante sobriété, et du style romantique alors en plein essor : légère pâleur du teint, chevelure coiffée au naturel, quelque peu ébouriffée, regard sombre et beauté du modèle. Il peut faire penser au portrait de Chateaubriand par Girodet présenté au Salon de 1810, même si Grenier apparaît ici davantage comme un élégant dandy plutôt qu’un poète tourmenté.
Il existe un autre autoportrait, présumé, en pied, de Grenier, vraisemblablement réalisé plusieurs années auparavant (vers 1815 ?), où l’on peut reconnaître les grands yeux sombres, les sourcils assez fournis et la bouche bien dessinée, avec toutefois une coiffure plus sage.
La date d’exécution de notre oeuvre correspond peut-être au mariage de Grenier avec Angélique Foignet (1800-1879), possiblement la fille du musicien harpiste Jacques Foignet (1753-1836), puisque son premier fils, Henri, naît en 1825. Sa fille Alix épousera en 1849 Antoine Frédéric Hippolyte Damoreau, le fils d’un chanteur lyrique ; veuve, elle se remariera en 1860 avec le peintre Charles-Henri Gosselin (1833-1892), qui fut aussi conservateur à Versailles et Trianon.