François GRENIER de SAINT-MARTIN

Scène troubadour (Henri IV retrouve Gabrielle d’Estrées et le jeune César de Bourbon ?)


François GRENIER de SAINT-MARTIN (Paris, 1793 – Paris, 1867)
Scène troubadour (Henri IV retrouvant Gabrielle d’Estrées et le jeune César de Bourbon ?)
Huile sur panneau
32 x 23,5 cm
Signée en bas à droite
Premier quart du XIXème siècle


Fils d’un ancien colon de Saint-Domingue, François (ou Francisque-Martin) Grenier de Saint-Martin se forma d’abord auprès de Guérin, qui lui fit faire des progrès si rapides qu’il commença très jeune à exposer au Salon, avec en 1810 une Atala pour laquelle il reçut une médaille ; il est alors élève de Jacques-Louis David.
Après avoir produit des portraits et des batailles en début de carrière, il se spécialisa ensuite dans les scènes de genre pittoresques : représentations de matelots à terre, scènes paysannes et de chasse… ces dernières le rendant très populaire grâce à leur diffusion par la lithographie. Bien qu’admirateur de Napoléon, il obtint vers 1818 les faveurs des Bourbons, et notamment de la duchesse de Berry qui posséda plusieurs de ses oeuvres. Il reçut ensuite des commandes de Louis-Philippe pour la galerie des Batailles de Versailles, fut fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1841, et Napoléon III lui acheta des tableaux de chasse au Salon de 1857.
Ses deux fils Henri et Yves furent également peintres et exposèrent au Salon à partir de 1857.

Son style, parfois proche de celui de Xavier Leprince, est assez facilement reconnaissable. La critique évoquait « un coloris brillant, une touche libre, des fonds légers et frais de ton » , et Charles-Paul Landon écrivait en particulier : « … une naïveté d’expression qu’il sait conserver à ses personnages… exécution aimable, simple et facile … couleur, sinon toujours forte, du moins toujours vraie » . Certains de ses confrères, comme le paysagiste néo-classique Rémond, firent appel à lui pour réaliser les figures de leurs tableaux.
Notre peinture, d’une exécution extrêmement raffinée et à la finition porcelainée, n’aurait pas déparé dans le salon de musique de Malmaison, au sein de la collection de tableaux troubadour de l’impératrice Joséphine. Il s’agit d’ailleurs de la seule peinture de ce style (qui s’inspire des scènes de genre ou d’histoire du Moyen-Age et de la Renaissance) que l’on connaisse à ce jour de Grenier. Elle est donc difficile à dater, mais on pourrait donner une fourchette entre 1815 et 1825, au moment où se termine l’âge d’or du style troubadour en peinture.

Le sujet représente un chevalier revenant dans son foyer et qui va retrouver sa femme et son enfant, dans une pièce de château au décor néo gothique.
La jeune femme pleure sa solitude, tandis que son petit garçon semble vouloir la consoler. Pour combler son ennui, elle pratique le dessin, passe-temps représenté par le carton au pied de la colonne. La corbeille de fruits posée sur la table est quand à elle un symbole de bonheur conjugal et de fécondité, avec notamment la présence des raisins. Les costumes des personnages correspondent à la toute fin du XVIème siècle. Dès lors il est possible que Grenier, très proche des Bourbons sous la Restauration, ait voulu représenter Henri IV (bien identifié par son panache blanc) retrouvant sa maîtresse Gabrielle d’Estrées et leur jeune fils César de Bourbon (1594-1665), futur duc de Vendôme, même si une telle scène ne semble pas avoir existé dans l’histoire henricienne. Quant à l’iconographie artistique, on n’y trouve pas non plus ce sujet.