Henri-Edouard TRUCHOT

Escalier dans un monastère


Henri-Edouard TRUCHOT (1798, Bliescastel – 1822)
Escalier dans un monastère
Huile sur toile
41 x 32 cm
Signée et datée 1820 en bas à droite au pied de la colonne
Provenance : 
– Vente Sotheby’s Monaco, 21 juin 1987 (L’escalier du couvent). Numéro 716 du catalogue, reproduit en noir et blanc. Décrit comme de Jean Truchot.
– Probablement collection Alphonse Giroux (sa vente en 1835)


La courte vie de Truchot explique sa production relativement réduite mais dense, de qualité et à la facture raffinée.
Il eut ainsi le privilège d’exposer 5 tableaux au au Salon de 1819 (il est alors domicilié au 186, rue du Faubourg Saint-Martin), puis 8 tableaux au Salon de 1822 (domicilié au 23, rue de Belfond)
Il fut un des artistes favoris du Duc d’Orléans (futur Louis-Philippe), qui possédait au moins 3 de ses tableaux à thématique troubadour (Intérieur mauresque, Convoi d’Isabeau de Bavière, Intérieur de l’église de Louviers) dans sa collection, tous repris en lithographie dans l’ouvrage consacré à la galerie de ses oeuvres, ainsi qu’un Intérieur du grand escalier du palais de Monseigneur le duc d’Orléans, au Palais-Royal. Parmi ses autres clients notables figurait aussi Alphonse Giroux, avec trois tableaux (vendus lors de la vente du cabinet de celui-ci les 16/17 décembre 1835): Jeune homme visitant la prison de Louis le Débonnaire à Soissons, Chevalier assis à l’entrée d’une abbaye en ruines, Moine agenouillé devant un bas-relief de sujet pieux dans le couloir d’un couvent. La description de ce dernier tableau pourrait correspondre au nôtre, mais avec des dimensions indiquées légèrement inférieures: 38 x 30,5 cm. On trouve également au nombre de ses collectionneurs la marquise de Lauriston, le comte d’Houdetot, la célèbre danseuse de l’Opéra Emilie Bigottini, ainsi qu’Alexandre du Sommerard (1779-1842), le créateur du futur musée d’antiquités nationales de l’hôtel de Cluny. On peut encore citer le collectionneur « hollandisant » Antoine Valedeau (1777-1836), avec un dessin représentant la cour de l’hôtel de Cluny, un important donateur du musée Fabre de Montpellier.
Truchot collabora avec le Baron Taylor en dessinant plusieurs sites de la région rouennaise pour le volume « Ancienne Normandie » publié en 1820.
S’il eut probablement des rapports avec des artistes comme Clérian ou Granet, dont l’influence stylistique est manifeste dans notre tableau, il fut également l’élève de Charles-Marie Bouton, qui le forma dans son atelier à partir de 1815 ou 1816.

Dans notre peinture, la transparence de l’huile indique que les personnages ont probablement été ajoutés après que l’artiste ait décidé de l’organisation des architectures de sa composition, possiblement par un artiste comme Xavier Leprince, qui oeuvrait souvent en tant que « figuriste » pour ses confrères, et dont la collaboration avec Truchot est attestée dans les livrets du Salon de 1822 et de celui de 1824, où un tableau de Truchot était exposé à titre posthume. On retrouve également des exemples de cette collaboration dans des lithographies réalisées pour les Voyages pittoresques.

Reposant au Père-Lachaise, ce natif de la Sarre appartient à la même génération de ces artistes « météoriques », comme Michallon ou Auguste Enfantin, dont la prometteuse carrière fut stoppée en pleine jeunesse (par une maladie de poitrine qu’il avait contractée à l’occasion d’un séjour en Angleterre).

Nous remercions Philippe Nusbaumer, qui prépare une monographie sur l’artiste, pour nous avoir communiqué certains éléments de cette notice.