H. FEUILLOI ? (école de GRANET)
Charles Quint au monastère de Yuste
Huile sur toile
65 x 54 cm
Signé en bas vers la droite (sur une contre-marche)
Premier tiers du XIXème siècle
Notre tableau est une reprise de l’oeuvre de François-Marius Granet, aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts de Pau, et qui fut présentée à Lyon en 2014 à l’occasion de l’exposition consacrée au style Troubadour.
Le tableau, généralement connu sous le nom de Intérieur d’un cloître à Rome, et que Granet aurait réalisé en Italie avant 1824, fut repris en gravure par Ernest Jaime (1802-1883), le titre de l’estampe ayant permis d’identifier le sujet.
Après 40 ans de règne, l’empereur Charles Quint abdique en 1556 puis se retire au monastère San Jeronimo de Yuste (ou Saint-Just) en Estrémadure pour se consacrer à des activités contemplatives et spirituelles. Il y meurt en 1558.
Le tableau ne met pas en vedette Charles Quint, mais plutôt l’élégant gentilhomme venu rendre visite au vieil empereur, ainsi que le moine qui lui désigne de sa main l’ancien vainqueur de Pavie désormais dans l’ombre et vêtu de bure.
Une clé de lecture plus précise et inédite se trouve probablement dans le commentaire qui accompagne un tableau de Robert-Fleury sur le même thème (Charles Quint au couvent de Saint-Just), au Salon de 1857 (tableau ensuite dans la collection d’Emile Pereire et présenté à l’Exposition Universelle de 1867 sous le numéro 535) : le jeune homme serait ainsi l’aristocrate portugais Ruy Gomez de Silva (1516 – 1573), comte de Mélito, envoyé par son ami Philippe II, le fils de Charles Quint, pour supplier son père de quitter le monastère et lui demander des conseils pour la difficile gestion politique (notamment contre les hérétiques) de l’Espagne.
Ce thème de la retraite de Charles Quint fut traité à plusieurs reprises par les poètes (Byron, Musset…) et les peintres de la première moitié du XIXème siècle: Pierre Revoil (musée Calvet d’Avignon et musée d’Anvers) au Salon de 1836, Eugène Delacroix (une version au musée Eugène Delacroix) dans les années 1830, Joseph Beaume (Salon de 1838), Claudius Jacquand (Salon de 1847), Robert-Fleury, ou encore Eugène Dumoulin (Salon de 1859). De Granet lui-même on connaît un dessin aquarellé illustrant ce thème, sans parler d’autres oeuvres sur le thème de Charles Quint (Hernani et Charles Quint, Salon de 1837)
Sans avoir la subtilité ou le raffinement de Granet, notamment dans l’utilisation de la lumière, notre réplique présente cependant une très bonne qualité d’exécution, dans la restitution des couleurs et surtout dans la représentation des deux personnages du premier plan. Ces éléments, ainsi que les dimensions proches de l’original (65 x 49 cm), laisse penser qu’elle fut réalisée directement d’après l’original, et non d’après la gravure. Quant à l’auteur, imitateur de Granet, il est possiblement un des nombreux élèves aujourd’hui inconnus qui fréquentèrent l’atelier du maître aixois.
La composition est typique de Granet: organisation orthogonale de l’espace, avec un escalier montant et une lumière zénithale, ainsi qu’une ouverture de lumière dans le fond, le tout dans une ambiance monastique et méditative en clair-obscur.