Henri DETURCK (1858, Bailleul – 1898, Coutances)
Tête d’étude
Huile sur toile
53 x 50 cm
Signée en bas à droite
Exposition: Salon des Beaux-Arts de Paris de 1895, sous le N°600
Né d’un père tisserand et d’une mère dentellière (spécialisée dans le « point de Valenciennes »), Henri Deturck grandit au milieu de 6 frères et soeurs. Grâce à une bourse de 500 Francs que lui octroya la ville de Bailleul, il put suivre les cours de l’école des Beaux-Arts de Lille, et fut ensuite l’élève d’Alexandre Cabanel.
Il semble qu’il ait passé l’essentiel de sa carrière à Coutances, où il occupait le poste de professeur de dessin au lycée de la ville, mais on trouve des traces de son passage dans le Jura, avec plusieurs vues de Poligny, dont une réalisée en 1892.
Les quelques autres oeuvres connues de lui sont des scènes de genre rustiques et régionalistes, assez banales, même si elles tentent de rappeler l’ambiance des tableaux des Le Nain.
Notre tableau est d’un intérêt tout autre; il démontre de remarquables qualités artistiques, et dégage une présence intense. Sa force expressive est accentuée par le cadrage assez serré. L’oeuvre fut d’ailleurs remarquée et saluée par la presse. « La Revue du Nord » parla ainsi « d’une superbe tête d’étude » , tandis qu’une autre revue littéraire et artistique, « Les Enfants du Nord », soulignait cette « tête d’étude vigoureusement enlevée où se révèle de bonnes qualités » .
Selon Alain Tapie, cette oeuvre est une excellente illustration du réalisme social si prisé en cette dernière partie du XIXème siècle; notre figure est probablement celle d’un pauvre hère, vagabond ou ouvrier mort à la tâche, prise in situ dans une morgue. L’analyse de la couche picturale permet de déceler que l’auréole (ainsi que la signature autographe) a été rajoutée dans un second temps par l’artiste, pour le Salon, afin de donner une dimension plus « convenable » à son oeuvre.
Au côté de cette tête d’homme (devenu Saint), Henri Deturck exposait un autre tableau à ce salon de 1895, La convalescente.
En 1896, il exposa une Vieille normande.
Le frère d’Henri, Julien Deturck (1862-1941), fut un graveur de talent, également passé par l’atelier de Cabanel. Grand Prix de Rome de gravure en taille-douce en 1888, il remporta de nombreuses récompenses et médailles au Salon et expositions universelles.