Charles ARROWSMITH

Intérieur de sacristie


Charles ARROWSMITH (Paris, 1798 -1833)
Intérieur de sacristie
Huile sur toile
39 x 31 cm
Traces de signature en bas à gauche
Probablement 1826
Figures très certainement par Xavier Leprince
Expositions :
– Salon de Paris de 1827, partie du numéro 1418, titré Intérieur de sacristie
– Cabinet de Bruno Binant, 1828, 7 rue de Cléry, numéro 6 du catalogue, titré La sacristie
– Probablement Salon de Mulhouse de 1839, sous le numéro 5, titré Intérieur d’église


Charles Arrowsmith appartient à une famille d’origine anglaise activement présente dans le marché de l’art au cours de la première moitié du XIXème siècle. Son père William, mort en 1813, avait été agent/intendant pour la famille d’Orléans et en particulier pour Louis-Philippe Egalité. Sans parler de la méprise avec le célèbre cartographe anglais John Arrowsmith (1790-1873), Charles est souvent confondu avec son frère John (Paris, 1790 – 1849), qui semble avoir eu aussi une petite activité de peintre, mais qui est surtout célèbre pour son rôle très actif de marchand sur la courte période 1824-1826 environ. Avec son associé le lyonnais Claude Schroth, John fut le premier à introduire en France des artistes anglais et en particulier Constable, et exerçait le commerce de tableaux contemporains, qu’il présentait aux Salons et dans leur galerie ; mais faute de trésorerie suffisante, l’activité dut s’arrêter rapidement, Schroth poursuivant essentiellement sa carrière en tant qu’expert en ventes publiques, tandis que John ouvrit une taverne anglaise rue de Richelieu, qui finit par faire faillite en 1840. John avait également géré, à l’été 1823, l’implantation à Londres de la spectaculaire attraction visuelle du Diorama, inventée par Charles-Marie Bouton (1781-1853) et Daguerre.
C’est que John et Charles étaient les beaux-frères de Daguerre (1787-1851), que leur sœur Louise-Georgina (1790-1857), filleule de la princesse de Lamballe, avait épousé en 1810. Charles avait été formé à la peinture par Daguerre, et collabora d’ailleurs à l’exécution de toiles du Diorama avec Hippolyte Sebron (1801-1879), en particulier après 1830, date du départ de l’entreprise de Bouton. Charles eut une fille, Félicie ou Marie-Félicité (1819-1900), qui, veuve du peintre et graveur François-Jules Collignon (1811-1846) fut recueillie par sa tante Louise-Georgina et Daguerre dans leur propriété de Bry-sur-Marne.

Par leur style et leurs sujets, les tableaux de Charles Arrowsmith rappellent Daguerre, Bouton et Sebron, l’élève et collaborateur des deux maîtres. C’est un peintre d’intérieurs, spécialisé dans les églises.
En dehors d’une Vue de l’intérieur de l’église de Montmartre, conservée au musée des Beaux-Arts de Dijon, aucune autre oeuvre n’est identifiée, et notre découverte est un apport intéressant pour la connaissance de cet artiste, certes mineur, mais très représentatif de ce goût « duchesse de Berry ».
On trouve, dans la vente « de déstockage » du 20 avril 1826 (Paris, 34 rue de l’Echiquier, Commissaire-Priseur Petit) de son frère John, pudiquement désignée : Catalogue d’une belle collection de Tableaux, Dessins et Estampes modernes, des Ecoles française, anglaise et hollandaise, provenant du cabinet de M. A*** , trois de ses peintures, bien entourées de signatures prestigieuses, comme Bonington, Constable, David, Delacroix, Delaroche, Gérard, Géricault, Granet, Prud’hon… Intérieur de cave de maraîcher (figure de Léon Cogniet, Intérieur d’une église à Charonne, Intérieur d’un cellier. On peut y noter le commentaire partial de l’expert (qui n’est autre que Schroth, l’associé de John Arrowsmith) : « Les tableaux de cet artiste, peu connu encore, fixeront sûrement l’attention des amateurs, par la manière ferme avec laquelle ils sont exécutés, et surtout par la beauté de leur couleur » .
Charles Arrowsmith expose deux tableaux au Salon de Douai de 1827, qui ouvre le 8 juillet : Eglise de Mery, près Paris, et Eglise de Saint-Prix, près Paris. Au Salon de Paris de 1827, qui débute le 4 novembre, il présente, sous le même numéro 1418 du livret, deux toiles : Intérieur d’église de village, d’après nature, et notre Intérieur de sacristie, enregistré sous le numéro 2140 avec des dimensions de 58 x 50 cm (soit celle de notre œuvre avec un cadre d’environ 10 cm de large). Elle traduit l’influence de la peinture hollandaise du XVIIème avec notamment l’arrivée de lumière par la fenêtre et le fini lisse et porcelainé. Un tableau est exposé au Salon de Mulhouse à titre posthume en 1839 (numéro 5 du livret), titré Intérieur d’église, avec des figures par Xavier Leprince, et appartenant au marchand Bruno Binant. Il s’agit sans nul doute du nôtre, ce dernier figurant dès 1828 dans le catalogue des œuvres proposés à la location par Binant, en compagnie de deux autres tableaux : Le cellier (numéro 7, figure de Cogniet, déjà présenté à la vente Arrowsmith de 1826) et Le baptême (numéro 8) ; le nôtre y est ainsi décrit : « Intérieur de la sacristie d’une église catholique. Le curé répond à une jeune dame qui lui demande quelques conseils, tandis qu’au fond le bedeau s’occupe du rangement et du nettoyage » .
Au Salon de Paris de 1831, Arrowsmith présentera trois peintures, sous les numéros 2673, 2674, 2675 : Intérieur de l’église de Louviers, Intérieur de l’église de Charonne près de Paris (déjà présent dans la vente de 1826), Intérieur pris en Normandie.