François CARLIER-RUBRECQ (actif vers 1820-1830)
Etude de divers objets d’art
Huile sur toile
50 x 58,5 cm
Signée et datée en haut à gauche, contre-signée sur le châssis
1825
Exposition: Salon de Lille de 1825, N° 822 du livret
L’auteur de notre oeuvre est très probablement le fils de Pierre-Joseph Carlier, le restaurateur de tableaux qui travailla pour l’administration du Louvre, notamment sous la direction de Fereol Bonnemaison et du comte de Forbin à l’époque de Louis XVIII.
François-Joseph-Marie Carlier devint lui aussi restaurateur de peintures, à Lille, où il est référencé comme tel en 1819. Il s’y était marié en 1811 avec Adeline-Charlotte-Désirée-Joseph Rubrecq, et avait accolé à son nom celui de son épouse, comme cela se pratiquait souvent à l’époque. Nous savons qu’il exposa ses productions, des portraits et des scènes de genre, dans différents salons du nord de la France: à Lille en 1822 et 1825, à Douai en 1823 et 1829, à Valenciennes en 1833.
Son fils Victor Carlier embrassa aussi une carrière de peintre, et exposa aux Salons de Valenciennes et d’Arras de 1833.
Cette nature morte rassemble, sur un tapis d’étoffe verte, quelques éléments végétaux (une rose et des cerises), mais surtout d’art décoratif: une tête d’enfant en marbre ou en plâtre dans l’esprit de François Duquesnoy, un petit buste en bronze d’Henri IV (une référence au retour des Bourbons, qui situe le tableau dans son époque), deux colliers de perles, un verre et une carafe en cristal, un instrument de musique à vent (probablement un hautbois), ainsi que deux pièces d’orfèvrerie. A la manière hollandaise du XVIIème siècle, l’artiste fait refléter une fenêtre dans le cristal de la carafe et dans l’aiguière en argent; celle-ci renvoie aussi l’image de plusieurs objets de la composition et, détail amusant, celle de l’artiste.
Plusieurs probables influences peuvent être décelées dans cette originale composition d’un artiste inconnu jusqu’à ce jour. Clara Peeters (1594-après 1657) avec ses beaux ordonnancements réguliers mêlant fruits, fleurs, verreries et pièces d’orfèvrerie; Thomas-Germain Duvivier (1735-1814), qui introduit souvent des sculptures en marbre ou en plâtre dans ses compositions silencieuses dédiées aux arts et à la musique; Johann-Rudolf Feyerabend, dit Lelong (1779-1814), et ses alignements d’objets hétéroclites (vases de fleurs, jeux de cartes, pâtisseries, cages à oiseaux, instruments de musique, services à café, etc…) dans des gouaches de petit format.
On peut expliquer ces influences par la solide connaissance de la peinture que s’était constitué Carlier-Rubrecq, non seulement grâce à son activité de restaurateur de tableaux (et à celle de son père), mais aussi de collectionneur (il expose ainsi plusieurs tableaux lui appartenant à l’exposition de Lille de 1835, dont un Van Veen, un de Heem, ou un Savery).