Guillaume BOICHOT (1735, Chalon-sur-Saône – 1814, Paris)
Bacchus à la branche de pin
Encre grise et lavis brun, rehauts de blanc
22,5 x 10,5 cm
Inscription « Boichot » sur le montage en bas à gauche
L’oeuvre du sculpteur bourguignon Boichot propose une intéressante synthèse entre néo-classicisme et baroque.
Cet artiste très érudit, après avoir fait l’école des Beaux-Arts de Dijon, commença par décorer des maisons particulières à Chalon et sa région, comme celle de Guichard-Pontheret à Gevrey-Chambertin. Après un premier séjour à Paris en 1756, il vint s’y installer en 1771, pour y étudier avec le sculpteur Simon Challe (1719 – 1765). Il échoua au Prix de Rome, ce qui ne l’empêcha pas de faire, à ses frais, deux voyages dans la ville éternelle, où il put observer de près les oeuvres de Raphaël ou Michel-Ange, dont il était grand admirateur. A l’Académie Royale il fut agréé en 1788 (probablement avec Télèphe s’arrachant une flèche), mais ne parvint jamais à y être reçu.
Exposant régulièrement des dessins et des peintures au Salon, c’est surtout après la Révolution qu’il connut le succès, en partie grâce à ses liens étroits avec Alexandre Lenoir, qui devint à cette époque le conservateur d’une sorte de musée de la sculpture française, le Musée des Monuments Français. Après un intermède à Autun, où il est nommé professeur à l’école centrale en 1795, Boichot revient à Paris en 1800. Il réalise alors de nombreux bustes de personnalités, ainsi que des sculptures pour la colonne de la Grande Armée, l’église Saint Roch, le Panthéon ou encore le Palais Bourbon.
Le style de Boichot, malgré son grand intérêt pour l’Antiquité, est bien éloigné de la sèche linéarité de nombreux artistes néo-classiques. C’est dans ses dessins, davantage que dans ses sculptures, qu’apparaît son goût parfaitement maîtrisé du maniérisme du XVIème siècle comme on le voit en Italie ou dans les décorations du château de Fontainebleau. Il parvient ainsi à une sorte de mélange entre grandiose et grâce, cette grâce correspondant, aux dires de ses contemporains (comme David, qui appréciait par ailleurs réellement son talent) , à son caractère aimable.
Une partie de ses dessins furent gravés par son compatriote dijonnais Claude Hoin.
Notre dessin correspond à une étude pour une sculpture de Bacchus, en pendant de celle de Cérès, exécutée vers 1772 dans le cadre de la décoration du château de Verdun sur le Doubs, qui fut détruit en 1836. Les deux statues devaient être placées dans des niches, et on distingue bien le travail de Boichot sur, notamment, la position du bras gauche (qu’il relève de plus en plus), pour y parvenir au mieux.
Bacchus (Dionysos chez les Grecs) est ici représenté avec son emblème, le thyrse (bâton en bois de cornouiller) orné d’une pomme de pin. Il est coiffé de vigne, qui est parfois remplacée par du lierre. Le pin était un symbole de prospérité; sa résine qu’on mêlait au vin était réservée aux dieux.
Musées: Met New-York, Louvre, Autun, Besançon, Chalon-sur-Saône