Jean-Joseph-Xavier BIDAULD (1758, Carpentras – 1846, Montmorency)
Etude de paysage près de Rome: la Torre di Quinto
Lavis sur traits de crayon (feuille biseautée aux angles)
10,5 x 17,5 cm
Inscription en haut à droite: « aux environs de …? »
Circa 1785/1790
Provenance: anciennes collections Pierre Révoil (1776-1842) et Arsène Bonafous-Murat (1935 – 2011)
Bidauld (ou Bidault, selon l’orthographe originelle de son nom) fut avec Valenciennes et Jean-Victor Bertin l’un des peintres de paysage néo-classique les plus célébrés entre 1790 et 1830: Napoléon, son frère Joseph, ou encore la duchesse de Berry figurent parmi ses importants commanditaires. Mais sur sa fin de carrière, on lui reprocha sa fidélité presque dogmatique au genre et son attitude de refus face au mouvement naturaliste naissant.
Fils d’un orfèvre de Carpentras, il avait appris son art en « autodidacte » aux côtés de son frère aîné Jean-Pierre (1743-1813), qui pratiquait le paysage mais surtout la nature morte. Il se perfectionna aux Beaux-Arts de Lyon entre 1768 et 1774, et y fréquenta Jean-Jacques de Boissieu, lui-même ancien maître et ami de Jean-Pierre. Un voyage en Suisse et à Genève à la fin des années 1770 acheva de révéler sa sensibilité à la nature et pour le paysage.
Arrivé à Paris en 1783, Bidauld est alors influencé par sa rencontre avec Joseph Vernet et par son activité pour le marchand Dulac, qui lui fait copier des tableaux hollandais (pastorales animalières) de Nicolas Berchem et Paulus Potter; ses oeuvres peuvent certes présenter les prémices du néo-classicisme, mais restent encore ancrées dans le XVIIIème siècle.
Grâce au financement de Dulac et du Cardinal de Bernis, il peut partir découvrir l’Italie en 1785, pour un séjour qui durera cinq ans.
Notre petit dessin a été exécuté durant cette période; Bidauld réalise alors de nombreuses études sur papier, peintes sur le motif en plein air, et avant tout centrées sur le rendu atmosphérique et de la luminosité, sans aucune présence humaine; ces études (davantage que des esquisses) sont très abouties, et peuvent constituer des oeuvres à part entière, ou bien lui serviront à composer des tableaux en atelier lors de son retour à Paris en 1790. Mais à côté des huiles, il produit aussi des dessins.
Le nôtre, très minimaliste, peut rappeler certains dessins de David que celui-ci réalisa lors de son séjour romain dans les années 1770.
Le lieu représenté se situe dans les environs d’Acqua Acetosa, sur les rives du Tibre, non loin de Rome. La Torre di Quinto, une tour de défense médiévale, est le sujet de plusieurs oeuvres au cours des siècles: Claude Le Lorrain, l’allemand Johann Christoph Ehrard, André Giroux, Guillaume Bodinier ou encore Corot… Mais seul notre dessin représente l’édifice avec un cadrage aussi serré.