Augustin de SAINT-AUBIN (1736, Paris – 1807, Paris)
Le dormeur
Mine de plomb
11,5 x 18 cm
Daté en bas à gauche « Le 11 dud » (pour dudit, c’est-à-dire Mai, date du dessin avec lequel il formait série); numéroté en bas à droite « 60 » ?
Papier vergé filigrané
Provenance:
– Ancienne collection Jean Masson; cachet (Lugt 1494a) en bas à gauche
– Sa vente le 20 mars 1924, Drouot Salle 6, CP Lair-Dubreuil, Expert Féral, N°130 du catalogue, comme de Gabriel de Saint-Aubin. Reproduit.
Notre dessin est très proche d’un autre (N° d’inventaire PM2930), de dimensions identiques, conservé à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, décrit comme d’Augustin de Saint-Aubin et provenant de la donation Mathias Polakovits de 1987. Les feuilles sont vraisemblablement issues d’un même carnet de croquis. Le dessin des Beaux-Arts est également daté, et il porte comme le nôtre le cachet de la collection Jean Masson.
Le N°43 du catalogue de la vente après décès du cabinet d’Augustin de Saint-Aubin était composé de « Cinq très petits portefeuilles, contenant des croquis et études diverses » ; nos dessins en faisaient possiblement partie.
Visage masqué et protégé de la lumière par son tricorne, notre jeune homme est peut-être un garçon de ferme assoupi après une rude journée de travail, ou bien un voyageur prenant quelque repos. L’artiste parvient à donner beaucoup de naturel et de présence à cette pose pour le moins informelle.
Issu d’une famille originaire de la région de Beauvais, frère cadet de Gabriel, qui lui prodigua sa première formation, Augustin de Saint-Aubin fut un des grands dessinateurs et graveurs de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Il débuta au Salon de 1752 avec une gravure, et y participa régulièrement jusqu’en 1804 en exposant dessins et estampes. Dans ces deux disciplines il s’était fait une spécialité du portrait, à côté de diverses illustrations pour l’édition.
Agrée à l’Académie Royale (il y avait remporté très jeune la première médaille du concours du dessin) en 1771, il fut nommé graveur officiel de la Bibliothèque Royale en 1777 (succédant ainsi à son ancien maître le graveur Etienne Fessard), et bénéficiait à l’époque d’une popularité plus grande que celle de son frère Gabriel.
L’homme était connu pour sa physionomie et son esprit agréables, son caractère à la fois doux et honnête, et ses capacités musiciennes.
Augustin, tout comme son frère, figurait en bonne place dans la collection des frères Goncourt.
Jean Masson (1856-1933) fait partie de ces collectionneurs qui n’avaient que peu d’intérêt pour leur activité professionnelle d’industriel (ici le textile). D’abord bibliophile, ce chineur invétéré devint quasiment marchand, surtout après qu’il eut été obligé de s’associer à deux de ses employés, suite aux « dégâts » causés par sa passion à son activité économique, leur laissant la marche de l’entreprise. Il légua une partie de sa collection à sa ville d’Amiens, ainsi qu’à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, au sein du « Cabinet Masson ».