Henry DARIEN (Paris, 1864 – Paris, 1926)
Vieille forge à Etretat
Huile sur toile
61 x 83 cm
Signée et datée en bas à gauche
(18)96
Expositions:
– Salon des Artistes Français de 1896, titré Vieille Forge, sous le numéro 561
– Salon des Artistes Français de 1903, titré Vieille forge, sous le numéro 474. Exposé en salle 6 du Grand Palais.
– Salon de Mulhouse de 1905, titré Vieille forge à Etretat, sous le numéro 130
– Salon de Toulouse de 1906, titré Vieille forge, sous le numéro 134
– Salon de Bordeaux de 1907, titré Vieille forge, sous le numéro 177
– Salon de Pau de 1908, titré La vieille forge à Etretat
– Salon de Nancy de 1908, titré Vieille forge, sous le numéro 7
On a du mal a comprendre, au vu de ses expositions successives dans différents salons à Paris et en Province, comment cette belle œuvre d’Henry-Gaston Darien a eu tant de mal à trouver acquéreur à l’époque.
Pourtant, le journal Le Télégramme, à l’occasion du Salon de Pau de 1908, en avait bien saisi les qualités :
« [le tableau] arrête l’œil du visiteur avec l’harmonie de sa tonalité grise et le fouillis vrai de son encombrement ». Et déjà, au Salon de Paris de 1903, le critique du journal Le XXème Siècle Léon Riotor remarquait l’oeuvre : « … la Vieille forge de M. Darien [avec d’autres tableaux] forment un parterre délicat », tandis que Martial Teneo, dans Le Monde artiste, écrivait : « La Vieille forge, de M. Darien, mérite l’attention des chercheurs de vérité sans éclat », soulignant ainsi le rendu authentique et brut de cette représentation.
Le Radical, la même année, n’était pas en reste : « Admirons la Vieille forge, si pittoresque, si largement peinte, de M. Darien ».
Mais dès sa première présentation publique au Salon de 1896, Le Journal des artistes avait bien compris la force du tableau : « De M. Darien, un intérieur de Vieille forge, peint avec une vigueur qui lui fait un aspect saisissant de réalité ».
De son véritable nom Henri Gaston Adrien (dont il fait un anagramme), notre artiste est l’élève de Jules Lefèbvre et du paysagiste normand Antoine Guillemet. En début de carrière, il peindra quelques portraits, de nombreuses natures mortes, mais les scènes de genre intérieures ou extérieures constituent l’essentiel de son œuvre, dans un style se situant aux frontières de l’impressionnisme. Il représente la forêt de Fontainebleau, Paris, Venise, mais il est avant tout attiré par la Normandie. Jusqu’au milieu des années 1890, c’est la baie de Seine (Villerville, Grandcamp…), puis le pays de Caux, où il possédera une maison à Bénouville, entre Etretat et Yport.
Dans ses couchers de soleil sur les falaises ou ses jardins fleuris animés d’enfants, dans ses scènes de la vie locale (marchés aux poissons, retours de pêche), il n’hésite pas à utiliser des couleurs parfois très acidulées, souvent dans les nuances orangées.
Ici, ce sont des tons sourds auxquels il recourt pour restituer cet intérieur d’artisan étretatais dans la pénombre, éclairé par de nombreux petits empâtements blancs et la grande fenêtre latérale, qui donne un côté hollandais à l’ensemble. Dans un souci de réalisme, il s’attache à représenter précisément les accessoires de la forge : enclume, établi, étaux, pinces, marteaux, masses, ciseaux, fers à cheval…, ainsi que l’imposant soufflet de la cheminée, tout cet outillage nécessitant un lourd investissement financier !
Présent au Salon depuis 1886, Darien y recevra de nombreuses récompenses, et sera fait chevalier de la légion d’Honneur en 1910.