Charles-Marie BOUTON

Ruines de l’abbaye de Jumièges


Charles-Marie BOUTON (Paris, 1781 – Paris, 1853)
Ruines de l’abbaye de Jumièges
Huile sur toile marouflée sur carton
32,5 x 24,5 cm
Signée en bas vers le milieu
Vers 1820-1830


Considéré comme l’un des premiers artistes ayant entrepris la réhabilitation de l’art du moyen-âge et de l’art gothique, avec notamment ses vues du musée des Monuments Français créé par Alexandre Lenoir, Bouton fréquenta l’atelier de David et de Jean-Victor Bertin. Mais c’est en
tant qu’élève de Pierre Prévost (l’inventeur des « panorama ») qu’il acquière sa science de la perspective, aux côtés d’Etienne Bouhot.
Exposant au Salon de 1810 à 1853, ses œuvres sont entre autres acquises par Joséphine, la duchesse de Berry, Louis-Philippe ; leurs ambiances souvent sépulcrales rappellent celles de Granet ou Daguerre. C’est d’ailleurs avec ce dernier que Bouton invente en 1822 le principe du Diorama, de grandes toiles peintes très fines qui, en fonction des éclairages, permettent d’obtenir des vues différentes. Cette sorte de grand spectacle illusionniste obtint un important succès auprès du public parisien et s’exporta en Angleterre ; mais Bouton, nettement moins calculateur et « commercial » que Daguerre, ne retira que peu de gloire ou profit de ce procédé, dont il se fit assez rapidement déposséder par son associé.

Si l’essentiel de son œuvre se compose de vues d’intérieurs d’églises ou de chapelles, Bouton produisit aussi des vues d’extérieur et même des paysages, à l’instar de sa Vue générale de Rouen (en dépôt au musée des Beaux-Arts de la ville). La Normandie est d’ailleurs une région motivante pour notre artiste puisqu’il représente par exemple des sites à Saint-Wandrille, Gaillon, Eu, la crypte de l’église Saint-Gervais et le prieuré Saint-Julien à Rouen.
Ce tableau témoigne du goût alors naissant pour les vues ruinistes, autrefois réservées à l’Italie et à l’Antiquité, mettant en valeur le patrimoine médiéval national, dans des compositions à l’ambiance à la fois romantique et pittoresque. Toutefois, si l’allure générale des restes du bâtiment (prise du côté Est) est identique, de nombreuses parties diffèrent dans la réalité, un procédé souvent utilisé par les artistes de l’époque.