François-Marius GRANET (Aix-en-Provence, 1775 – Aix-en-Provence, 1849)
Moine au chapelet
Plume et lavis d’encre ferro-gallique brune
24,5 x 18,5 cm
Signée et datée en bas à gauche
1838
Originellement formé par Constantin d’Aix, Granet, par ailleurs grand ami d’Ingres et d’Auguste de Forbin, est connu pour ses représentations de paysages et de monuments romains, mais surtout d’intérieurs d’église, de cloîtres et de cryptes, de sujets « troubadours » et de scènes de la vie des artistes de la Renaissance. Mêlant influences de la peinture hollandaise du XVIIème et du néo-classicisme, presque toutes les oeuvres de Granet, qu’elles soient d’intérieur ou d’extérieur, procurent une émotion immédiate et simple.
Peintre assumant pleinement sa religiosité et plus particulièrement sa chrétienté, au point d’être surnommé « le moine » par ses condisciples lors de son passage dans l’atelier de David à la toute fin du XVIIIème siècle (à cette époque, il loge même dans une cellule de l’ancien couvent des Capucins aux Feuillants), il est ainsi fasciné par le monde monastique et l’univers religieux.
Notre dessin date de l’époque où Granet est conservateur du musée historique de Versailles, nommé en 1833 par Louis-Philippe ; il réalise alors de nombreuses et magnifiques aquarelles de Paris et Versailles, très légères et atmosphériques. Mais les moines dans leur cellule, priant, lisant ou peignant, restent un sujet récurrent chez lui, la plupart du temps traités dans une esthétique assez dure et réaliste, qui n’est pas sans rappeler Ribera, notamment dans ses dessins à l’encre brune ferro-gallique, dont les effets de contraste créent une ambiance dramatique. Le Petit-Palais conserve un exemple très proche de notre feuille, et dans l’important fonds légué par Granet au Louvre, on peut citer le Moine assis, lisant, la tête appuyée sur une main (Inv 26915, 22,5 x 17,5 cm), ou Religieux priant dans sa cellule devant l’image du Christ (Inv 26912, 30 x 23 cm, aquarellé) lui aussi daté de 1838.
Clin d’oeil amusant, 1838 est aussi l’année de l’arrivée dans les collections françaises (constitution de la « Galerie espagnole » de Louis-Philippe) du Saint-François en extase de Zurbaran.
Le dessin a pu être exécuté à Paris (ou Versailles), où Granet réside jusqu’à avril et à partir de septembre 1838, ou bien à Aix lors d’un séjour entre mai et fin août.