Jean-Charles Joseph REMOND (1795, Paris – 1875, Paris)
Cascade à Tivoli
Huile sur toile
26,5 x 35 cm
Signée au dos sur le châssis
Circa 1842
Sur sa toile d’origine Marque à l’encre « Lachaussée / 51, rue de Seine / Paris »
Fils d’un imprimeur, Remond devient très tôt l’élève de Regnault, mais c’est Jean-Victor Bertin (son maître aux Beaux-Arts de Paris dès 1814), qui le dirige tout droit vers le Grand Prix de Rome du paysage historique en 1821 avec Proserpine et Pluton. Cet excellent dessinateur a alors une touche précise et léchée qui convient aux règles du genre. Mais dès son arrivée à Rome, il découvre la nature et la peinture de plein air; au cours de ce premier séjour italien, qui dure cinq années, il peint de nombreuses études de petit format, avec une touche devenue parfois plus large et crémeuse.
Durant cet intermède italien, Tivoli est bien entendu un passage obligé. Remond y peint notre belle composition, dont la version d’origine est aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts de Rouen. D’un format quasi-identique à notre version, elle ne montre pas la Grande Cascade usuellement représentée par les artistes, mais une cascatelle au pied du promontoire rocheux où s’élèvent les célèbres temples et villas de Tivoli; Alexandre-Hyacinthe Dunouy ou Jakob-Philippe Hackert avaient eux-aussi adopté le même site et un point de vue similaire, mais avec une vue d’ensemble plus large. Ici, le cadrage resserré permet de se retrouver très près de la chute, et de mieux ressentir le bouillonnement écumant de l’eau, d’observer les effets de la lumière sur la « fumée » aquatique. Dans le tableau de Rouen, Remond avait animé sa scène de petits personnages sur la berge à droite de la composition, admiratifs devant le grandiose spectacle de la nature.
Presque à la même époque, Jules Coignet représente lui aussi le site dans une composition très proche, lithographiée dans un recueil paru en 1825 et titré: Vues pittoresques de l’Italie dessinées d’après nature par M. Coignet.
De retour à Paris, Remond se découvre des velléités pédagogiques, et en même temps qu’il ouvre un atelier en 1827 (où il formera notamment Théodore Rousseau), il publie deux traités théoriques, « Principes de paysages » et « Cours complet de paysages », tout comme l’avaient fait avant lui Pierre-Henri de Valenciennes ou encore Alphonse Mandevare.
En 1842, Remond retourne en Italie, s’attardant particulièrement en Sicile. Repasse-t-il par Tivoli? Ce voyage lui remémore-t-il sa vue de la cascatelle? Toujours est-il qu’il décide de reprendre sa composition imaginée 20 ans plus tôt. L’impression d’ensemble est un peu moins « néo-classique », moins fondue, la palette moins subtile, mais on y retrouve plusieurs détails traités avec finesse: par exemple les petits éléments de végétation au pied de la berge, ou les feuillages des arbustes coiffant les promontoires rocheux.
Le fabricant de toiles Lachaussée débutant son activité en 1841, nous pouvons envisager la possibilité d’une réalisation de ce tableau sur place en Italie, ou bien au retour à Paris.