Louis-Auguste LAPITO (1803, Joinville-le-Pont – 1874, Boulogne sur Seine)
Repos en forêt de Compiègne
Huile sur papier marouflée sur toile
46 x 38 cm
Signée en bas à droite, située au dos sur le châssis
Provenance: probablement collection du peintre Alexandre Journault ( ?, Paris – 1864), ami de Lapito. Inscription sur le châssis.
Louis-Auguste Lapito appartient à la seconde génération des paysagistes néo-classiques, influencés et formés par des artistes comme Valenciennes, Jean-Victor Bertin ou Louis-Etienne Watelet, mais qui développeront une sensibilité plus naturaliste, parfois teintée de romantisme et de pittoresque. Cette génération, menée par Corot, regroupe ainsi des peintres comme Caruelle d’Aligny, André Giroux, Guillaume Bodinier, Jules Coignet, Charles-Joseph Rémond, Léon Fleury, Léopold Leprince…, globalement nés entre 1795 et 1805.
Ces artistes conservent toujours une attirance pour l’Italie, mais sont davantage voyageurs et motivés par la découverte de nouvelles contrées; Lapito visitera ainsi de nombreuses provinces françaises, avec une prédilection pour le Dauphiné, l’Auvergne, la Normandie, la Corse, et à l’étranger les Pays-Bas, l’Allemagne et surtout la Suisse. Mais ils sont aussi connus pour avoir été les premiers à se rendre en forêt de Fontainebleau au tout début des années 1820, pour y travailler significativement.
Lapito représentera Fontainebleau tout au long de sa carrière, avec des études peintes et des oeuvres présentées au Salon dans les années 1830, 1840 et même à sa dernière participation en 1870. Notre tableau nous apprend, si l’on se fie à l’inscription sur le châssis, qu’il se rendit aussi en forêt de Compiègne.
Au vu de son écorce lisse et grisâtre, l’arbre représenté à gauche est vraisemblablement un hêtre centenaire, et il en est probablement de même pour celui au tronc recouvert de mousse sur la droite. L’artiste, tout en respectant un réalisme botanique (précision des feuillages, rendu illusionniste de la mousse), parvient à donner une dimension presque mystique à cet intérieur de forêt, à la fois sombre et d’une luminosité quasi surnaturelle; procédé classique mais efficace, la petite taille des personnages permet de se figurer, par comparaison, le côté grandiose et majestueux de la nature. Leur présence amène également une petite touche de pittoresque à cette étude réalisée sur motif.
Elève de Watelet et du peintre d’histoire François-Joseph Heim, Lapito connut le succès durant toute sa carrière, avec plusieurs médailles et des acquisitions de l’Etat (achats de Louis-Philippe pour les châteaux de Saint-Cloud et de Compiègne). Il était à la fois adepte de la peinture de plein-air et des compositions retravaillées en atelier dues à sa formation classique, dans les deux cas avec une touche précise et un sens de la couleur très affirmé. Parmi ses nombreuses fortunes critiques, on peut citer celle du Journal des Artistes en 1838: « … M. Lapito continue de mériter les suffrages… Son dessin est toujours exact; malgré une touche large et facile, ses sites toujours bien choisis, sa couleur généralement vraie quoiqu’un peu dorée. Les productions de Monsieur Lapito se font toujours remarquer par leur ordonnance pittoresque, et la manière spirituelle dont elles sont touchées… » .
Lapito et Alexandre-Adolphe Journault étaient proches, faisant partie de la bande d’amis que Corot invitait régulièrement pour des dîners. Ils s’étaient probablement rencontrés vers 1818 dans l’atelier de Watelet, l’un des maîtres de Journault avec Louis Hersent. Journault eut ainsi la même double formation que Lapito, avec un professeur paysagiste puis avec un autre spécialisé dans le portrait et surtout la peinture d’histoire. Exposant irrégulier au Salon entre 1824 et 1852 (il y est absent plus de 10 ans dans les années 1830), son Paysage; effet du soir sera particulièrement remarqué à l’édition de 1842.