Maxime DETHOMAS (1867, Garges – 1929, Paris)
Portrait de son ami Toulouse-Lautrec en costume de marin
Fusain
30 x 23 cm
Signé en bas au milieu
Cachet à l’encre rouge (collection Toulouse-Lautrec?) en bas à droite
1895 ou 1898
Exposition: Exposition du Centenaire (cachet à l’encre bleue en bas à gauche) de 1964 à Albi (juin-septembre) et à Paris, Petit-Palais (octobre-décembre)
Ce présent et très sympathique portrait au fusain est probablement la dernière effigie de Lautrec par un de ses amis artistes encore disponible sur le marché.
On connaît des versions par Louis Anquetin (en pied, fusain de 1890, musée d’Albi), Charles Léandre (en pied, dessin à l’encre, 1890), Jean Javal (1883, musée d’Albi), Vuillard (en pied, en train de cuisiner, huile, 1898, musée d’Albi), Adolphe Albert (en train de dessiner, crayon, 1897, musée d’Albi), Louis Bouglé (crayon, 1897, musée d’Albi).
Notre oeuvre est très proche du dessin de Dethomas du musée d’Albi (don de Charles Pacquement) signé MD, au trait de fusain très prononcé, et reproduit dans La Revue du Tarn de 1939, et qui, selon Joyant l’ami et biographe de Lautrec, fut réalisé à Granville en 1898.
Il existe également par Dethomas un autre portrait (la tête seule, également avec une casquette de la marine marchande) exécuté dans les mêmes circonstances, et qui faisait partie de la collection Gustave Coquiot.
Notre dessin et celui d’Albi furent réalisés d’après une photographie prise par Dethomas lui-même, et qui montre Lautrec avec ses amis le couple Natanson (Misia et Thadée); mais selon Cooper et Frey, cette photographie fut prise à l’été 1895, non pas à Granville mais à Saint-Malo.
Peintre, affichiste, illustrateur, puis essentiellement décorateur et créateur de costumes pour le théâtre après 1910, Maxime Dethomas était issu de la bourgeoisie aisée et avait étudié aux Arts Décoratifs; mais c’est à la librairie de La Revue Indépendante qu’il rencontra Lautrec. Il s’en suivit, dès le début des années 1890, une amitié profonde entre les deux artistes qui fréquentaient ensemble les cabarets, les bordels, et autres lieux de plaisirs, notamment à Montmartre et Montparnasse.
Face aux sarcasmes de la foule eu égard à sa petite taille, Lautrec voyait en Dethomas un géant protecteur mais d’une grande timidité, calme, policé, modeste, qui savait garder son flegme en toutes circonstances, et il le surnomma « Grosnarbre ».
Dethomas et lui partirent plusieurs fois en vacances ensemble, à Londres, en Espagne et au Portugal en 1894, en Belgique et en Hollande en 1897, ainsi qu’à Dinard, Saint-Malo et Granville. A l’occasion de ce dernier séjour, Lautrec arborait souvent son costume de plage agrémenté d’une casquette de la marine marchande.
Claude Roger-Marx soulignait en 1912 que Dethomas excellait, dans ses dessins aux contours vigoureux, à « fixer un type dans une attitude, son attitude caractéristique » , et c’est effectivement ce qui ressort de notre dessin, dans lequel Lautrec apparaît tel un touriste prenant joyeusement et fièrement la pose face à l’objectif d’une caméra non pas imaginaire mais bien tenue par son ami Dethomas.