Jean-François VAN DAEL (1764, Anvers – 1840, Paris)
Raisins, pêches et prunes sur un entablement
Huile sur toile
62 x 51 cm
Signée en bas à gauche sur le rebord de l’entablement
Jean-François (Jan-Frans) Van Dael fait partie des plus importants peintres de natures mortes de la période 1790-1840.
Après une rapide formation à l’académie d’Anvers, il obtient en 1785 un premier prix d’Architecture, qui lui permet de se rendre à Paris l’année suivante, en étant déjà qualifié de « peintre de fleurs ». Pourtant, ce n’est qu’en tant que décorateur et spécialiste du trompe-l’œil qu’il réalise ses premières armes en France, notamment sur les chantiers des châteaux de Saint-Cloud, Bellevue et Chantilly. Il semble qu’il reçoive alors les leçons du néerlandais Gérard Van Spaendonck (1746-1822), artiste confirmé et grand spécialiste de la nature morte et des sujets botaniques, arrivé à Paris en 1770.
Van Dael voit rapidement sa réputation grandir, et il bénéficie d’un logement au Louvre dès 1793, l’année de sa première participation au Salon ; il figure ainsi dans le tableau de Boilly de 1798 qui représente les principaux artistes du temps, réunis dans l’atelier de Jean-Baptiste Isabey. Il obtient les commandes de la meilleure société, aussi bien que des souverains successifs de la France pendant près de quarante ans, et les deux impératrices Joséphine et Marie-Louise feront l’acquisition de plusieurs de ses tableaux ; ses compositions «se payent au prix de l’or » rapporte Paul Marmottan. Les différents régimes lui octroient de nombreux prix et récompenses, couronnés par la Légion d’Honneur en 1825.
Aux côtés de Van Pol et Van Os, Van Dael prolonge en France la grande tradition de la nature morte hollandaise de de Heem jusqu’à Van Huysum, en y apportant une touche néo-classique : des fleurs et/ou des fruits posés sur des entablements de pierre ou de marbre, avec des fonds neutres et simples. Marmottan le juge même plus soigné que Van Spaendonck dans les détails.
Au coeur de l’engouement plus général pour les sujets pastoraux, Van Dael collabore parfois avec d’autres artistes comme Piat-Joseph Sauvage ou Antoine Chazal, et surtout dirige un atelier, avec de nombreuses élèves féminines. Cet atelier, situé à la Sorbonne (où il habite entre 1806 et 1817), est ainsi représenté dans le tableau du Salon de 1817 de son compatriote Van Bree.
Notre sobre mais très présente composition, qui propose un harmonieux mélange de rusticité, de gourmandise et de raffinement, évoque la fin de l’été. Elle regroupe avec goût quelques pêches à la peau veloutée, une magnifique grappe de raisin blanc encore accrochée à son cep et une branche de grosses prunes violettes, reposant sur une feuille de chou ; un gastéropode apporte une amusante présence animalière. Le réalisme de l’ensemble est encore accentué par les gouttes d’eau.
On peut stylistiquement rapprocher notre tableau d’oeuvres réalisées autour de 1810, notamment d’une huile sur panneau (53×43 cm) datée 1809, conservée au musée Pouchkine de Moscou (vente du 08/12/2011, Sotheby’s Londres, 110 000 €).
La signature en lettres capitales, gravée dans le marbre, se retrouve dans la Nature morte aux fleurs et aux fruits (huile sur toile, 1,07 x 0,82 m) conservée à la National Gallery of Victoria à Melbourne.
Parmi les musées conservant des œuvres de Van Dael : Louvre, Ermitage de Saint-Petersbourg, Pouchkine, Melbourne, Florence, Fitzwilliam Museum de Cambridge, Malmaison, château de Fontainebleau, château de Compiègne, Lyon, Rouen, Orléans, Lille…