Edouard ROSSET-GRANGER (1853, Vincennes – 1934, Paris)
Eros
Huile sur toile
41 x 33 cm
Signé et daté en bas vers la gauche
1881
Oeuvre en rapport: tableau exposé au Salon de 1881, sous le N°2047, pour lequel notre oeuvre est préparatoire
Notre tableau est une étude préparatoire pour le tableau du Salon de 1881, titré Eros et exposé sous le N° 2047. L’oeuvre du Salon mesurait 1,46 x 1,14 m, et valut à son auteur, alors domicilié au 59, rue des Batignolles à Paris, l’obtention d’une bourse lui permettant d’effectuer le voyage en Italie. Sa localisation actuelle n’est pas connue.
Le livret du Salon citait les vers de son ami Guillaume Dubufe dont Rosset-Granger s’était inspiré pour son tableau: Assis au fond des bois sur un autel antique, / Auquel ont les amants coutume de venir. / Erôs, à l’heure bleue où le jour va finir, / Aiguise ses chansons sur son arc ironique, / Une flèche est l’archet moqueur dont la musique / Fait les oiseaux chanter et les humains souffrir ; / Les êtres, à sa voix, se hâtent d’accourir, / Et l’écho, sur les monts, lui donne la réplique. / (G. Dubufe fils)
La critique fut plutôt élogieuse: « …Tel est le sujet que M. Rosset-Granger a représenté cette année avec beaucoup d’éclat et une grande verve dans la couleur » .
Th. Veron écrivait: « Eros est assis sur un trône antique et la tête de profil, inclinée sur l’épaule droite. Il jette un sourire ironique à tous les amoureux venant faire des voeux aux pieds de sa majesté. Jolie églogue ou bucholique se déroulant sous ce cintre supporté par des colonnes. Eros occupe le centre ayant une pyramide de lauriers pour repoussoir. Deux agréables figures arrivent à leur rendez-vous. Poésie et charme » .
Mais le critique de l’Union Littéraire et Artistique du 10 août 1881 reprochait « un paysage de fond semblable à un décor d’opéra, avec les deux amoureux qui seraient des danseuses faisant leur entrée » .
Un certain nombre de différences existent entre l’étude et la version finale: notamment la disparition des deux colombes et de l’urne aux pieds d’Eros, ainsi que les attitudes des deux amoureux à l’arrière-plan.
Elève d’Alexandre Cabanel, Edouard Dubufe et Mazerolle (sous les ordres duquel il travaille au plafond de la comédie Française en 1879), Rosset-Granger commence à exposer au Salon à partir de 1878, des portraits et des oeuvres à thème mythologique. Il y obtiendra plusieurs récompenses. Peintre, il est aussi illustrateur et décorateur pour des demeures particulières ou des bâtiments officiels (hôtel de ville des Mureaux par exemple).
Très ami avec Guillaume Dubufe (1853-1909), qu’il a rencontré dans l’atelier de Mazerolle et dont il est en fait le demi-frère (Rosset-Granger est le fils naturel d’Edouard Dubufe), les deux hommes décoreront l’hôtel de Ville de Saint-Mandé entre 1906 et 1909. Il fait également partie des nombreux artistes qui participent à la décoration du Train Bleu, le restaurant de la Gare de Lyon.
Avant l’acquisition de cette oeuvre, nous connaissions mal Rosset-Granger, et au cours des recherches effectuées nous avons notamment découvert un extraordinaire dessinateur.