Henri LEHMANN (1814, Kiel – 1882, Paris)
Portrait du sculpteur Victor Mercier
Mine de plomb avec rehauts de blanc
18 x 13 cm
1832
Provenance: collection particulière de la région de Rouen
Ce très charmant et intéressant petit dessin fait sans doute partie des toutes premières réalisations connues de l’artiste.
Henri Lehmann, après une formation dans l’atelier de son père à Hambourg, arrive à Paris à la fin de juillet 1831 ; sa tante maternelle Sophie Dellevie y tient salon, et lui permet de rencontrer des peintres comme Guérin, Léopold Robert ou Ingres. Ce dernier prend sous son aile le jeune allemand, et facilite son entrée à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts dès avril 1832.
C’est probablement à cette période que Lehmann rencontre le sculpteur Victor Mercier (1810, Meulan – 1894, Paris), élève de James Pradier et qui fréquente les Beaux-Arts depuis 1831 ; l’amitié entre les deux hommes semble forte, puisque Lehmann connaît également le frère de Victor, Edouard, qui est écrivain. Il réalise ainsi un portrait au crayon d’Edouard fin juillet 1832 (reproduit dans le catalogue raisonné de Marie-Madeleine Aubrun publié en 1984), d’une facture assez proche de notre dessin mais moins détaillée, période où il passe plusieurs jours à Rouen, possiblement dans la famille Mercier ; il exécute également en 1832 deux peintures (60,5 x 50 cm chacune) représentant les portraits respectifs des deux frères, actuellement conservés dans une collection particulière de Séville. Pour attester ces liens amicaux, il existe encore un Portrait de M. Mercier (1,25 x 1,05 m), daté 1835, cette année correspondant aux premières participations conjointes de Lehmann et de Victor Mercier au Salon.
Louis-Michel-Victor Mercier (à ne pas confondre avec le sculpteur homonyme Antonin Mercié) fut avant tout un sculpteur de bustes des personnalités de l’époque, dont certains lui furent commandés par Louis-Philippe pour le musée de l’histoire de France de Versailles. Il réalisa, entre autres, deux Renommées pour l’Opéra Garnier, des statues pour quelques églises, son oeuvre la plus célèbre étant peut-être la Sainte-Geneviève du jardin du Luxembourg (1845), commandée par l’Etat pour 12 000 Francs de l’époque. Son travail fut récompensé en 1835 par une médaille de 2ème classe et en 1841 par une médaille de 1ère classe. Parmi ses élèves, on compte la célèbre sculptrice britannique Mary Grant (1831-1908). Il est enterré au cimetière du Montparnasse.
L’année 1835 fut assez glorieuse pour Mercier, puisque son buste (aujourd’hui conservé au musée Fabre de Montpellier) fut exposé au Salon de la même année, réalisé par Jean-François Legendre-Héral (1796-1851). Ce dernier, né à Montpellier, se fixa assez rapidement à Lyon, où il devint professeur à l’école de dessin, ayant notamment pour élève Hippolyte Flandrin, qui lui-même connaissait Victor Mercier.
Le frère Edouard Mercier fut quant à lui un écrivain essayiste aux idées progressistes ; il publia ainsi en 1842 « De la perfectibilité humaine, ou réflexion sur la vraie nature du pouvoir », et en 1844 « De la certitude dans ses rapports avec la Science et la Foi ».
Précisons que (suite à vérification dans les registres d’archives) Victor Mercier est bien natif de Meulan dans les Yvelines, et non de Meudon dans les Hauts-de-Seine, comme l’indiquent un certain nombre de sources.